365 millions d’hispanos et moi et moi et moi!
Qu’est-ce qui nous unit au-delà de la langue? Une langue qui plus est, se renouvelle d’un pays à l’autre, s’enrichit de terre et de mer, de couleurs, de tons, de sons et de musiques différentes? Rien? Et pourtant, nous sommes en deuil. Gabriel García Marquez nous parlait à tous. Il réunissait dans ses histoires le cœur palpitant de notre folie collective. Je viens de Tucumán, une ville du nord de l’Argentine. Une ville agricole, d’oranges, de citrons et plus particulièrement de canne à sucre. Ressemble-t-elle à la Colombie tropicale? Si peu. Macondo, cependant, c’est chez moi. Aureliano, c’est mon voisin, ces familles, ces lieux, c’est moi, et lui, et elle et toi. Dans une langue exquise, orale, faussement simple, merveilleusement fluide, Gabriel García Marquez parlait de nous d’une manière qui a empreint à tout jamais nos yeux, notre âme. Pour les gens comme moi, qui vivons avec deux langues, lire Gabo, c’est retourner dans un pays où on ne se sent plus différent, mais naturel et légitime. J’étais ado quand j’ai lu l’amour au temps du choléra, le choc a été si grand que je ne sais plus si c’est une histoire ou mon histoire, ma famille… Il avait ce don, celui de nous inclure, de nous donner une langue commune et, au-delà de la langue, un souffle qui traverse les frontières, les pays et nos différences. Gabo n’est pas le premier à avoir parlé de notre folie (magie?) Rulfo, Alejo Carpentier, et tant d’autres, mais c’est lui qui nous a réuni.
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