domingo, 10 de noviembre de 2013

Espíritu Santo. Una pequeña municipalidad situada a unos treinta kilómetros de Montreal, allasito nomás al norte de la isla, cruzando el bello río del San Lorenzo, atravesando la isla Jesús; enclavada entre las montañas al oeste y la llanura agrícola abundante de la región de Lanaudière,  rodeada de lagos y cascadas; los habitantes han elegido un nuevo alcalde, como en todas las municipalidades del Quebec, la semana pasada.  El candidato Clément Grégoire se presentaba contra Sylvain Grégoire. No, Mesdames et Messieurs, no son parientes. Es más, no solo tienen estos señores el mismo apellido sino que también obtuvieron el mismo número de votos: 73. Volvieron a contar los votos. Siguió el empate. ¿Qué dice la ley?, ¿cómo se soluciona el problema?. ¿Quién ganó la alcaldía?


...



Delante de los candidatos perplejos, el juez se sacó la boina, la dió vuelta y pidió que los aspirantes pusieran un papelito con sus nombres  y así se decidió de quién sería el nuevo alcalde. El sorteo dió ganador al alcalde Grégoire, qué cosa, ¿no?

martes, 5 de noviembre de 2013

Cernuda

Libertad no conozco sino la libertad de estar preso en 

alguien

cuyo nombre no puedo oír sin escalofrío”.

domingo, 27 de octubre de 2013

Porque este poema emociona a mi madre hasta las lágrimas

¿Cuándo fue?
No lo sé.
Agua del recuerdo
voy a navegar.

Pasó una mulata de oro,
y yo la miré al pasar:
moño de seda en la nuca,
bata de cristal,
niña de espalda reciente,
tacón de reciente andar.

Caña
¡febril la dije en mí mismo!
caña
temblando sobre el abismo,
¿quién te empujará?
¿Qué cortador con su mocha
te cortará?
¿Qué ingenio con su trapiche
te molerá?

El tiempo corrió después,
corrió el tiempo sin cesar,
yo para allá, para aquí,
yo para aquí, para allá,
para allá, para aquí,
para aquí, para allá. .

Nada sé, nada se sabe,
ni nada sabré jamás,
nada han dicho los periódicos,
nada pude averiguar,
de aquella mulata de oro
que una vez miré al pasar,
moño de seda en la nuca,
bata de cristal,
niña de espalda reciente,
tacón de reciente andar.


Nicolás Guillén

sábado, 26 de octubre de 2013

Hommage à Salinas


Au lieu de rêver, compter : trois balcons gris sur ciel bleu, entourés de rouge, ocre et jaune. Cette ville me surprend à chaque année par la multiplication des gammes infinies des tons automnaux. Six arbres suivent, étalant leurs branches exubérantes et lourdes sur mon passage. La rue est étroite et presque vide, sale de feuilles mortes. Il est huit heures. Six, sept, huit, j’avance au rythme saccadé de mon inspiration et de mon expiration; tel un petit soldat: j'avance en comptant mes pas; l’haleine laisse des traces que j’écarte du regard, fixé lui, vers le bout de la rue. La saison est douce et délicieuse, mais je ne peux pas me laisser aller à la contemplation, je suis pressée. Une pièce résonne dans ma poche, accompagne ma cadence. Mes doigts enfoncés calment le jeu, le cliquetis cesse. Une bicyclette, deux et puis trois me dépassent facilement, je les sens me caresser, me larguer à ma condition de piétonne, à ce moment un petit pincement d’envie me serre le cœur, je voudrais tant rouler vers ma destination, l’image sur le chemin d’une jeune fille qui vient vers moi me distrait presque; elle bouge légère quand moi je pèse des tonnes, je l’aperçois du coin de l’œil et ne dévie pas la tête, non,  je piétine les feuilles avec l’absolue conviction que c’est la première fois que j’ éprouve cette fraicheur à mes pieds, que je perçois le crissement, le bris des feuilles sous mes orteils, nus, l'automne se colle à mes chevilles. Quelle merveille, quel étrange automne, si doux, si doux. Les mêmes maisons de tous les jours. Que de portes, de fenêtres! Que d’histoires à l’intérieur! Ce matin pourtant, je cours. Ne pas rêver ai-je dit, ni penser, ni ressentir, continuer. Huit, neuf, dix, mon sac est lourd. Onze, douze et puis zut, j’y suis presque. Chasse l’image de ton garçon au regard triste de tes pensées.  Celui-là qui avant de partir a soupiré : «je n’ai aucun désir». J’avance et je n'y peux rien maintenant. À ce souvenir, je lâche un râle douloureux et essoufflé, «Maman, je ne sais pas ce que je veux, où je vais. Je me sens vide». Compte, mère à la course, c’est trop dur. Ça fait mal.  Mes yeux automne s'attardent sur un jaune, par terre, «oh mon chéri, nous allons parler», disent mes pas. «Ça ira, mon amour», crie mon haleine. «Ne sois pas triste, si tu savais tout ce qui s'offre à toi, mon bel enfant!» Plus que quelques pas, Inés, ne tourne pas tes pensées vers son angoisse, passe par le parking de l’église et  tu arriveras à l'heure. J’y suis, je retiens ma respiration. Les cyclistes sont arrêtés au coin et attendent patiemment que le rouge passe au vert. Verts, les arbres que j’ai croisés.  Bleu le ciel, trois balcons, six arbres, une jeune-fille et un million de feuilles: il est huit heures deux. Je souffle enfin et je sais que mon fils lui aussi est dehors avec du bleu et du noir dans le corps et derrière les yeux. Je saisis la porte, ça y est, je la tire, la pièce retentit encore, la porte s’ouvre, je rentre, je traverse la grande salle en claquant des talons sur le carrelage, j’entends l’écho rebondir sur les murs immenses.  Je suis mouvement, je suis un cœur qui  bat et qui s’interroge, je suis une tête qui compte. Bonjour, je suis là, comment ça va? On y va!  Tu m’habites, fils, tu es ma douleur, à tout à l'heure, mon ange. Tout à l'heure je t'expliquerai la brume d'automne, les feuilles sous les pieds, nous rêverons ensemble de rouges et d’ocres, d’histoires insensées de balcons perchés, de ciel et de temps, je suis arrivée, cassée de l’intérieur, tout en chiffrée pour ne pas penser,  je t'aime.

sábado, 5 de octubre de 2013

Marie Uguay

« Je n'ai qu'une seule sauvagerie, celle de l'aube dorée fulgurante et musicale qui ne reste qu'une seule heure à inonder un seul paysage, et chaque désir me donne l'illusion d'être aux premiers temps de la création, d'être avant la rigidité de la vieillesse. » 

Journal

Hojas amarillas y sol

Oigo las hojas secas de los árboles bajo mis pies cantar. Es la primera vez que piso el otoño, con pies descalzos. Me siento aturdida de sol, brisa y luz. Está tan maravilloso todo. Los árboles refulgen. Se entreveran los colores, entre amarillo y rojo, verde también. Cómo no amar el otoño, es tan bello. Despertó octubre con ganas de mayo, primavera de temperaturas e indecisión total. No hace frío. Sobre mis piernas desnudas, sin embargo, siento las hojas subir, crujir, bailar, hacerme cosquillas. No entendieron que no se fue el verano, que aquí sigue, oblicuo como la luz, sigue queriendo, al mediodía, sigue caliente, pero las hojas no se atreven, se caen y se despiden como el sol, más temprano



( foto de AV, 2013)

Qué cosa más extraña este mes de octubre que se toma por mayo.

jueves, 29 de agosto de 2013

Manuel Machado

Ocaso
Era un suspiro lánguido y sonoro
la voz del mar aquella tarde... El día,
no queriendo morir, con garras de oro
de los acantilados se prendía.

Pero su seno el mar alzó potente,
y el sol, al fin, como en soberbio lecho,
hundió en las olas la dorada frente,
en una brasa cárdena deshecho.

Para mi pobre cuerpo dolorido,
para mi triste alma lacerada,
para mi yerto corazón herido,

para mi amarga vida fatigada...
¡el mar amado, el mar apetecido,
el mar, el mar, y no pensar nada...!

Se acaba el verano.


martes, 9 de abril de 2013

sábado, 6 de abril de 2013


Pedro Salinas

En vez de soñar, contar.

La fachada del oeste tiene
seiscientas doce ventanas.

Por la primavera van
en su cielo, hacia el domingo
una, dos, tres, cuatro, cinco
nubes blancas.

Yo te quiero a tí, y a tí y a tí.
A tres os quiero yo.

A las doce el tiempo da
doce campanadas.

Y ya no podrá escapárseme
en las volandas del sueño
la mañana. Haré la raya
para ir sumando seiscientas
doce, más cinco, más tres,
más doce.

¡Qué felicidad igual
a seiscientas treinta y dos!.
En abril, al mediodía
cuenta clara.

Pascua 2013




jueves, 28 de febrero de 2013

Une photographie


Une photographie
                Les garçons sur la photographie jaunie que tu tiens dans les mains, sont les membres de la très célèbre bande des Ti- Culs de la rue Palm à Saint-Henri. Bien sûr que je faisais partie d'une gang, cela te surprend, mais comme toi, j'ai été jeune, tu sais. Regarde comme on était féroces! Tu ris, c'est le mot féroce qui te fait rigoler? Sur la photo on fait un peu pitié. Oui, peut-être.  En tout cas, on avait quinze ans, le diable au corps et ici, sur cette petite photo, regarde bien, un regard sombre de Mohawk après la défaite.
                Nous étions amis depuis le primaire et pratiquement inséparables. Pierre, à l'extrémité gauche de la photo, était le plus drôle de tous, il nous racontait les histoires de sa famille qui nous faisaient rire jusqu'aux larmes tellement elles étaient incroyables; celle de son oncle Bertrand qui s'était teint les cheveux en rouge, mais que personne à la maison, par ordre de tante Berthe, n'avait le droit de commenter, une interdiction qui les obligeaient à marcher sans se regarder de peur d'éclater de rire. Il habitait à côté de chez moi, la maison contiguë.  
                Tu vois, le deuxième, un peu derrière Pierre, celui qui regarde ses souliers, c'est moi, ah, tu m'avais reconnu? Cet air ténébreux je le dois en partie à mes boutons et mes grosses lunettes noires qui me rendaient assez malheureux.
                À droite, Jacquot, celui que tous appelaient Ficèle parce qu'il était grand et maigrichon. Il semblait toujours tout juste sorti du lit, ses grands cheveux éternellement ébouriffés. Ficèle avait toujours les poches pleines de petites choses inutiles, une brosse à dent, un bouchon, bref, il ramassait tout ce qu'il trouvait dans la rue, et comme il avait les mains baladeuses, chaque fois qu'il rentrait chez nous, ma mère faisait la grimace en s'inquiétant sur ce qui aurait disparu le lendemain.
                Sur la photo, il ne manque qu'Yvan. Le grand  Yvan, celui qui nous faisait faire à peu près n'importe quoi. Et je ne plaisante pas: il avait un pouvoir de persuasion hors du commun, il n'avait qu'à nous raconter ses plans, tout en nous fixant dans le creux des yeux, pour que nous le suivions n'importe où, n'importe quand. Yvan l'intrépide, je le vois encore, à bord de sa bicyclette, défiant les lois de la physique en roulant à toute allure sur la glace de la patinoire et en tournoyant, guidon dressé, tête au vent, tel un chevalier sur son pur-sang. Il était beau, grand et fou: Yvan sautait par la fenêtre au lieu de sortir par la porte de sa chambre, il racontait des blagues, riait aux éclats, prenait tous les risques quand nous faisions des tours à la voisine de Pierre, une dame qui se fâchait tout rouge quand nous sonnions à sa porte et qu'elle trouvait un sac de merde embrasé qu'elle devait éteindre en marchant dedans. Il se promenait en skate, suspendu du pare-choc des camions qui livraient le lait le matin à Saint-Henri. Yvan n'était pas un petit garçon ordinaire. On l'aimait et l'admirait. C'était le chef de la bande. Et aussi, le petit ami de Martine, la plus belle fille du monde et même du quartier, celle que nous désirions tous, bien entendu. Pourquoi ris-tu?
                Il n'est pas sur la photo? Ah. C'est que...
                Je ne t'ai jamais raconté cette histoire? Cela m'étonne. Tu en es sûr?
                C'était en octobre, pendant une journée de congé, nous nous étions donné rendez-vous comme d'habitude dans l'usine désaffectée, près du canal Lachine. J'étais particulièrement heureux de pouvoir montrer aux amis l'appareil photo que ton grand-père avait acheté; c'était le premier appareil que nous possédions et nous en étions très fiers. Tu te doutes bien que je n'avais pas le droit d'y toucher ni beaucoup moins de le sortir de la maison, mais je pensais que durant cette journée inhabituellement chaude, ma mère qui était ce matin-là énervée par notre présence à la maison, serait plutôt contente de nous voir débarrasser le plancher. Elle le criait bien souvent: «allez, petits morveux, sortez, vous me faites grimper aux rideaux». Je me précipitais vers l'usine. J'étais fébrile. Je savais qu'en arrivant les yeux s'écarquilleraient,  j'imaginais si bien l'effet sensationnel que ferait sur les autres mon précieux appareil.
                L'idée était de prendre le cliché qui nous ferait gagner le concours lancé dans toutes les écoles de Montréal pour le cours de français, une photo qui serait spectaculaire, du photojournalisme, avait dit la prof. «Cherchez la vérité dans la ville», avait-elle répété en nous préparant les bulletins d'inscription. Ficèle pensait qu'il serait bon de prendre en photo le Chinois du dépanneur, parce qu'il le trouvait drôle avec son sourire narquois collé sur son visage rond. Il ne comprenait rien à ce qu'il disait mais l'aimait bien. Yvan, lui, voulait prendre une photo de l'intérieur de l'usine où il supposait que nous trouverions des choses curieuses, nous convainquant même qu'il se cachait un trésor dans le ventre de cet immense immeuble. C'est donc là que nous étions, à l'affût.
                Yvan jouait avec la caméra, prenait des airs de professionnel, se jetait pas terre, mitraillait le plafond, les coins, l'espace, mais les sujets dignes du premier prix se faisaient attendre: comment rentrer dans la bête?  Au premier étage de l'usine, il y avait un grand plancher en bois. On y avait repéré un petit trou et voulions savoir ce qui se cachait en-dessous. Ficèle a enroulé entre ses mains un morceau de papier, l'a allumé puis l'y a poussé. Il pensait qu'avec l'illumination de la feuille nous apercevrions ce qu'il avait dans le sous-sol. La première tentative a échoué, j'ai répété les mêmes gestes sans succès; ce fut le tour d'Yvan, qui au lieu de papier a choisi un journal, plus long, et l'a jeté tout allumé vers le fond. Le temps d'un éclat, nous discernions une mer de journaux gisant dessous. Immédiatement, comme une mauvaise blague, l'odeur de la fumée nous est parvenue. Yvan avait embrasé le sous-sol. Le feu s'est répandu rapidement. Un incendie s'est déclaré sans que nous ayons pu réagir. Imagine-toi: la fumée était dense, Pierre a commencé à tousser, à s'étouffer, c'était affolant, nous marchions à tâtons, sans direction, aveuglés et démunis; puis les flammes, de véritables flammes blues, rouges, jaunes, ont jailli de tous les côtés, sont montées le long des murs, nous poursuivaient, sont arrivées jusqu'au plafond; nous nous sommes tournés les uns vers les autres, pris de panique. Nous ne savions que faire: les portes, le plancher, tout semblait gondoler à travers la chaleur épaisse et toxique, c'était une vision de l'enfer. J'allais perdre la tête à entendre Pierre s'étrangler sans pouvoir respirer, Yvan se tenait près de la porte, «Yvan ouvre la porte», lui a-t-on crié, mais brusquement, il s'est écroulé et s'est mis à pleurer. Dans un accès de colère ou de désespoir, j'ai pris mon courage à deux mains, j'ai poussé Pierre jusqu'à la porte qui l'a ouverte toute grande, ce qui a eu un moment l'effet d'attiser le feu mais qui, paradoxalement, a réveillé Ficèle qui a réussi à s'enfuir à toutes jambes en proférant des jurons. J'ai rampé vers la lumière, Yvan ne bougeait pas. Je criais son nom, l'appelais de toutes mes forces: « viens, lève-toi Yvan!, bouge!, on va s'en sortir». C'est Pierre, dans un élan d'audace, qui a roulé jusqu'à lui, lui a asséné un coup de poing et l'a traîné hors de l'usine. Une fois dehors, sous le choc, toussant et crachant, nous avons vu l'usine se faire dévorer par le feu. Pierre n'arrêtait pas de gesticuler dans tous les sens en répétant, « man, man, t'as vu ça»,  quel désastre! Yvan,  piteux, le pantalon mouillé de pisse, s'est écarté, m'a rendu l'appareil puis est parti sans se retourner, sans dire un mot, au moment où les pompiers sont arrivés.
                 De longues heures plus tard, ahuris, profondément fatigués, nous avons errés à la recherche de notre ami. Les rues du quartier nous ont semblées neuves, si propres et sûres; le regard des passants, accusateur: il paraissait savoir ce que nous avions fait. Nous nous sommes réfugiés chez Martine, pas d'Yvan là non plus, non, mais le lieu où nous avons passé un dernier moment ensemble avant d'affronter nos parents, les autres, les conséquences. Car nous avons été punis, personnellement, plus ou moins sévèrement. Mon père ne m'a pas inscrit au hockey cet hiver-là. Pierre, lui, a eu des corvées supplémentaires et Ficèle est rentré en pension. Yvan, je ne sais pas, il n'est plus apparu chez moi, ni chez Pierre ou chez Ficèle. Il se cachait quand on venait le chercher. Je ne l'ai plus revu dans la ruelle, jamais plus. Ou presque, puisque il y a quelques années, je l'ai rencontré dans la rue Notre-Dame. Il a repris le dépanneur du Chinois, c'est le seul qui habite encore le quartier.
                Qui a pris la photo, tu dis?, Ah, mais c'est Martine la blonde d'Yvan le terrible. Ta mère.


jueves, 14 de febrero de 2013


La extranjera


La extranjera no sabe
que mi sangre es su casa, que
todo pájaro suyo
sólo ahí puede cantar y abrir
alas de su verano y se alza
como una sed de mundo
que no se puede apagar.
El pájaro encendido cuida
los huecos de la pérdida como
joyas que fueron sin remedio.
Canta allí, loco de luz, no renuncia
a sus monstruos.
La hora de los dioses
junta los pies y ese camino
en llamas.

Juan Gelman